J’ai travaillé sur les forces qu’une image peut prendre lorsqu’elle s’inscrit dans une séquence. J’ai ainsi expérimenté différents schémas narratifs en bande dessinée et différents styles de dessin qui s’accordaient à mes récits.

Dans des histoires allant vers le sensible, j’ai mis en avant la matérialité du dessin. Son expression conduisait la force du récit et introduisait le narrateur dans un univers trouble et onirique dans Suspendu, entre deux rêves . La mixité de techniques peut aussi induire des ruptures lors de surgissement comme s’en produit dans Cauchemar. L’utilisation de la gravure sur bois pour Sysiphe, la fin d’un mythe entre dans une réinterprétation moderne de ce mythe à travers une technique séculaire.

Dans Rencontres et Une longue soirée, j’ai usé des possibilités d’analogies entre les cases afin de dévoiler l’éloquence des seuls liens qui se tissent entre elles. D’une certaine manière, leur charge iconique s’en retrouvait appauvrie mais la projection du lecteur au sein de la séquence se faisait particulièrement importante. Seul m’apparaît comme un prolongement de ce travail.

Dans cette même idée de travailler sur les codes de la bande dessinée, j’ai aussi versé dans le minimalisme, en réalisant des bandes dessinée sans dessin. Au milieu de En montagne, les cases elles-mêmes vont aller jusqu’à s’effacer. Pour L’idole volée, j’ai repris l’image intouchable de Tintin, et en ai fait une bande dessinée dont les pixels dessinent les cases. Cette image n’est plus image mais bande dessinée, ou cette bande dessinée fait-elle image?…

D’autres histoires sont entièrement improvisées, sans crayonnées, et évoluent véritablement sous mes yeux comme pour Victor.

Le projet actuel tourne beaucoup autour du dialogue. Inspiré par le nouveau roman, ce récit long devrait voir les situations absurdes et les boucles se multiplier pour jouer d’une cacophonie dialogique servie par un dessin simple et des compositions musicales.